Le français DCNS remporte un contrat géant à 34 milliards d'euros pour des sous-marins

Les Japonais étaient partis favoris, talonnés par l’allemand TKMS. Au final, c’est le français DCNS que l’Australie a retenu mardi 26 avril pour ses futurs sous-marins. Le budget de ce programme de défense portant sur douze bâtiments, le plus important de l’histoire du pays, est estimé à 50 milliards de dollars australiens, soit 34,3 milliards d’euros, comprenant la conception, les transferts de technologie, la production, le système de combat et la maintenance pendant vingt-cinq ans.

« Les recommandations lors du processus d’évaluation des offres (…) ont été sans équivoque : l’offre française est la plus à même de répondre aux besoins uniques de l’Australie », a déclaré le premier ministre, Malcolm Turnbull, devant les chantiers navals d’Adélaïde, en Australie méridionale. « Ces sous-marins seront les plus sophistiqués du monde, et ils seront construits ici, en Australie », a ajouté M. Turnbull.

L’Elysée s’est aussitôt félicité dans un communiqué de ce choix « historique » de l'Australie :

« Il marque une avancée décisive dans le partenariat stratégique entre les deux pays, qui vont coopérer durant cinquante années sur l’élément majeur de souveraineté que représente la capacité sous-marine. »

La France est « fière de l’excellence technologique » dont ses entreprises ont fait preuve pendant cette sélection, précise l’Elysée. « Ce nouveau succès sera créateur d’emplois et de développement en France comme en Australie. »

Les négociations exclusives entre DCNS et le gourvement australien vont maintenant débuter pour définir les modalités de ce programme d'une durée de cinquante ans. Elles devraient s'achever au début de l'année 2017, la mise en service du premier sous-marin étant prévue en 2030. Ces bâtiments remplaceront la flotte actuelle des six sous-marins Collins.

Fabriqués à Adelaïde

Le processus de sélection avait démarré en février 2015. Le futur sous-marin, dérivé du Barracuda français mais qui aura une propulsion diesel et non nucléaire, sera fabriqué dans les chantiers navals d'Adélaïde, ce qui devrait permettre la création de 2 800 emplois. En France, cela mobilisera plus de 4 000 personnes pendant six ans chez DCNS et ses 200 sous-traitants, principalement pour le constructeur naval sur les sites de Cherbourg, Nantes et Lorient. Au final la part revenant aux industriels français est estimée à 8 milliards d'euros.

Les Allemands qui proposaient aussi de construire les sous-marins en Australie, avaient pour handicap de ne jamais avoir conçu de sous-marins de la classe des 4 000 tonnes demandée par Canberra, double de la taille des bâtiments qu’ils produisent actuellement. Quant aux Japonais, les doutes portaient sur leur capacité à réaliser hors de leur pays du matériel de défense, ce qu'ils n'ont jamais fait. Sur le plan stratégique, les Australiens cherchaient un partenaire ayant le même type de bâtiments pour parcourir de longues distances, ce que n’ont pas les Allemands, car leurs sous-marins sont plus dédiés à la protection des estuaires dans la Baltique et l'embouchure de la Mer du Nord. Il fallait aussi un partenariat dans la durée, ce que la France peut garantir, le dernier sous-marin de son programme actuel sera retiré du service en 2085. Enfin, confier ce programme de défense aux Japonais aurait pu indisposer la Chine, le premier partenaire commercial de l’Australie.

Le choix de l'Etat australien devait être annoncé en juin, mais le calendrier s'est accéléré car des élections anticipées devraient avoir lieu début juillet dans le pays. Malcolm Turnbull, chef du Parti libéral, a en effet annoncé le 19 avril qu'il avait l'intention de dissoudre la Chambre des représentants et le Sénat, après la présentation du budget qui aura lieu le 3 mai. L'annonce de la construction des sous-marins en Australie méridionale devrait servir son camp pendant la campagne électorale, car cet état est celui qui a le plus fort taux de chômage en Australie (7,7% en février). La défense de l'industrie et surtout le thème de l'innovation sont chers à Malcolm Turnbull, qui ne pouvait pas avoir de meilleur exemple que les sous-marins pour montrer son engagement à concrétiser ses promesses.

Dominique Gallois et Caroline Taïx
Source : Le Monde

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